LES BELGES restent-ils généreux en dépit de la crise ? La situation varie selon les ONG. La Croix-Rouge perd beaucoup. D’autres s’inquiètent.
La crise économique peut favoriser l’émergence d’un sentiment de générosité et de sympathie dans la population. C’est l’idée qu’en période difficile, il est plus que jamais l’heure de se serrer les coudes et de témoigner sa solidarité avec les plus touchés.
Mais le réflexe inverse peut aussi avoir cours : le repli, la montée du chacun pour soi. C’est ce que les associations humanitaires et environnementales craignent comme la peste.
Qu’en est-il réellement ? La générosité des donateurs belges commence-t-elle à fléchir ? La situation varie fortement d’une ONG à l’autre, ce qui est logique vu qu’elles s’adressent à des profils de donateurs différents.
C’est à la Croix-Rouge que le ton est le plus inquiet. « Nous avons constaté un recul de nos dons de 15 % en décembre alors que c’est généralement le meilleur mois de l’année, explique Fabienne Damsin, porte-parole. Depuis lors, la situation s’est améliorée. Elle se dégrade par contre au niveau de l’aide à apporter aux plus démunis. Dans nos sections locales, nous recevons de plus en plus de demandes de gens en grosses difficultés. Or l’action sociale sur le terrain est financée à 100 % par les dons que nous recevons. Si ceux-ci commencent à diminuer alors que les demandes gonflent, nous n’allons pas pouvoir aider tout le monde en 2009. » La Croix-Rouge essaie de mobiliser les entreprises pour attirer de l’argent mais là aussi, les choses se compliquent. « Le sponsoring est le premier poste dans lequel les entreprises coupent aujourd’hui. »
Recrutement en rue difficile
Handicap International est confronté au même phénomène. « Nous organisons traditionnellement un gala en décembre qui est destiné aux entreprises, mais nous avons dû l’annuler, en raison des nombreux désistements », explique Damien Kremer, porte-parole. L’ONG a connu un gros passage à vide en septembre-octobre, au plus fort moment de la crise bancaire : les dons obtenus via les mailings aux donateurs ont diminué de 45 %. Depuis, la situation s’est néanmoins rétablie.
Chez MSF, Caritas et aux Iles de Paix, on n’observe aucune dégradation significative du nombre de dons. Ceux-ci sont même en augmentation aux Iles de Paix et chez Caritas. MSF a, quant à lui, déniché 10.000 nouveaux donateurs de plus qu’en 2007 et a conservé sa base de 300.000 fidèles. Par contre, ces trois associations constatent que les montants moyens ont tendance à diminuer. Tendance lourde ? À confirmer.
Quant aux deux grandes ONG environnementales, WWF et Greenpeace, elles affirment ne pas connaître la crise. Toutes deux reconnaissent que le recrutement en rue de nouveaux membres est plus difficile qu’avant. « Les gens sont plus frileux. Les objectifs sont plus difficiles à atteindre mais rien de catastrophique », insiste Natacha Bertiaux, porte-parole du WWF.
L’afflux de dons reste, lui, constant. Pierre Schurmans, responsable de la collecte de fonds chez Greenpeace Belgique, y voit deux explications. « Tout d’abord, l’écologie reste un sujet porteur et très présent dans l’actualité. Ensuite, beaucoup de nos donateurs travaillent par ordres permanents, ce qui donne davantage de stabilité. A part un léger recul sur les virements, peu significatif, il n’y a pas de signaux alarmants, et donc pas de grandes inquiétudes. Pour l’instant. ».
BERNARD PADOAN, ERIC RENETTE ET JEAN-FRANCOIS MUNSTER
jeudi 26 février 2009, 07:09
http://www.lesoir.be/actualite/economie/solidarite-la-croix-rouge-2009-02-26-692732.shtml
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