Solidarité :
http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/591284/la-crise-met-les-associations-dans-la-deche.html
La crise met les associations dans la dèche
P.Lo
Mis en ligne le 23/06/2010
Un quart d'entre elles ont du mal à boucler les fins de mois, selon une enquête. Dons et subsides sont en recul. Il faut réduire les coûts et même licencier…
Les temps sont durs pour les associations. Plusieurs études européennes en attestent et notre pays, bien entendu, n'échappe pas à la règle. En raison de la crise financière qui sévit depuis septembre 2008, un quart des ASBL belges doivent bien avouer qu'elles ont du mal à boucler les fins de mois, vu qu'elles reçoivent moins de dons de la part des particuliers et moins de subsides en provenance des pouvoirs publics. Le malaise est tel que plus de la moitié des associations ont dû procéder à des réductions de coûts et que plus d'une association sur quatre s'est vue contrainte de prendre des mesures en termes de personnel. Pour les douze prochains mois, une association sur deux juge que sa situation va encore se dégrader. Telles sont les principales conclusions d'une enquête réalisée par la société Ipsos pour la Fondation Roi Baudouin et que "La Libre" présente en exclusivité pour la presse francophone. Une enquête destinée à devenir un baromètre annuel et dont les enseignements restent sans doute en deçà de la réalité vu que les intervenants des ASBL évoquent traditionnellement leur situation matérielle avec retenue. Passons en revue les principales informations épinglées par les enquêteurs tout en faisant remarquer - une fois n'est pas coutume - que l'étude fait ressortir peu de différences significatives entre le nord et le sud du pays.
1Revenus annuels. Pour un quart des associations, la crise a entraîné une "chute" des revenus annuels. En revanche, ceux-ci restent "stables" pour quatre ASBL sur dix. Une association sur trois dit même que ses revenus ont augmenté. Les associations culturelles sont les plus touchées (quatre sur dix) tandis que celles qui sont actives dans l'environnement sont les moins pénalisées. Plus l'association est grande, plus elle réussit à contrer les effets négatifs de la crise. La moitié des associations s'attendent à ce que leurs revenus annuels plafonnent voire régressent au cours des prochains mois.
2Nombre des cotisants. La crise n'a pas entraîné une diminution spectaculaire du nombre de cotisants (10 %). En règle générale, ce nombre est resté stable (38 %) et dans 16 % des cas il a même augmenté. Cette augmentation se remarque essentiellement auprès des associations de solidarité et celles tournées vers l'international.
3Recul des dons et des subsides. Une association sur quatre observe un recul du don moyen consenti par les particuliers. La moitié d'entre elles n'observent pas de différence. Une sur dix assure que la générosité des Belges a augmenté. Une association sur cinq perçoit moins d'aide publique. La moitié d'entre elles ne perçoivent aucune différence. Les associations culturelles sont les plus éprouvées. Le patrimoine de six associations sur dix n'a pas augmenté au cours de l'année écoulée.
4Mesures au niveau du personnel. Plus d'une association sur quatre a dû, suite à la crise, adopter des mesures concernant le personnel : la moitié a fait appel à plus de bénévoles, un tiers a eu recours au licenciement, un quart a eu recours à la diminution des horaires, et enfin, un cinquième est passé au temps partiel. La crise a entraîné une augmentation du nombre de candidatures spontanées et de candidatures répondant à une ouverture de poste dans près de la moitié des associations.
5Budgets et réductions de coûts. Dix-sept % des associations vont devoir procéder à des restrictions budgétaires en 2010. Six sur dix s'efforceront toutefois de maintenir le cap. Plus de la moitié des associations ont dû procéder à des réductions des coûts suite aux effets de la crise. Le moyen le plus mis en œuvre pour y parvenir est la suppression des versions papiers et de l'envoi du rapport annuel (49 %), suivi par la réduction des budgets de transports (35 %) et enfin la réduction des dépenses en personnel (32 %).
6Sources de revenus.35 % des associations n'ont pas pu disposer de nouvelles sources de revenus. Un quart d'entre elles ont réussi à augmenter le budget des actions de terrain et à mener de nouvelles missions. Trois quarts des répondants ne sont pas au courant d'éventuels changements stratégiques liés aux missions ou programme de leurs associations. 12 % des associations doivent reporter certaines activités, 10 % les diminuer et 4 % sont contraintes de les suspendre.
7Quelle stratégie ? La crise a forcé une association sur dix à restreindre sa stratégie d'assistance et dans un tiers des cas à l'augmenter. Pour quatre associations sur dix, la solution réside dans l'élaboration d'un nouveau plan et un bon suivi. Cette remarque s'applique davantage pour des associations actives en Communauté française. Deux tiers des associations n'ont pas élaboré un scénario de crise pour les prochains mois. Apparemment, les associations de la Communauté française prennent encore davantage de précautions vis-à-vis de la crise que les flamandes.
"Cette enquête confirme ce que nous pressentions", souligne Benoît Fontaine, conseiller la Fondation Roi Baudouin, "à savoir que l'évolution du secteur associatif est tout sauf positive. Dons et subsides ne vont pas se redresser du jour au lendemain, d'autant plus que la crise financière aura des effets à retardement". Et le conseiller de souligner encore que la Fondation Roi Baudouin, "anticyclique et anti-crise", qui soutient elle-même 1400 projets et associations à concurrence de près de 20 millions d'euros par an, "n'a pas coupé dans ses budgets malgré une conjoncture difficile".
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