Ecolo avance des mesures pour lutter contre le surendettement. Il prône une compensation pour les pauvres n'ayant pas trouvé un logement social.
S'il entre dans le prochain gouvernement -mais y entrera-t-il ?-, Ecolo mettra sur la table des mesures de lutte contre le surendettement des ménages. Y compris des mesures qui ont déjà été déposées au Parlement, mais rejetée par une majorité de députés. C'est la coprésidente des Verts Sara Turine qui l'affirme. Et elle n'est pas la seule à l'affirmer. Elle est rejointe par un homme qui rencontre la pauvreté sur le terrain, Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur.
Ce constat d'abord. La pauvreté progresse toujours. La difficulté de boucler les fins de mois -et parfois même pas seulement les fins de mois- concerne de plus en plus de ménages. Et pas seulement à cause d'un crédit trop lourd à assumer. " Aujourd'hui, observe Philippe Defeyt, un tiers des personnes qui font appel à une procédure de règlement collectif de dettes n'ont pas de crédits sur les bras. Ce sont les services de base qu'ils n'arrivent plus à payer. La facture d'énergie, les soins de santé, le loyer, les impôts et les taxes ."
Quelques chiffres. Entre 2002 et 2009, la part des ménages confrontés au surendettement qui ne pouvaient pas payer leur facture d'eau est passée de 22 % à 30 %. Pour la facture d'énergie, c'est 51 % au lieu de 36 % en 2002. Une augmentation qui serait due, pour Philippe Defeyt, notamment au fait que l'indice servant au calcul de l'indexation automatique des salaires et des allocations sociales reflète mal la structure des dépenses des familles aux faibles revenus.
Ecolo avance ses propositions. La première, c'est une vieille revendication : l'individualisation des droits sociaux. Les revenus attribués aux cohabitants, souvent des femmes, sont parfois trop chiches. " Il n'est pas acceptable que des personnes doivent mettre leur couple en danger pour survivre" , clame Sarah Turine. Et puis, de manière générale, Ecolo juge que toutes les allocations sociales doivent passer au-dessus du seuil de pauvreté.
Mais il ne suffira pas de relever les revenus des plus faibles. " A quoi cela servirait , s'interroge le président du CPAS de Namur, si, dans le même temps, le prix des services de base augmente dans les mêmes proportions ." Et si certaines pratiques commerciales qui constituent de vrais pièges se perpétuent. Ecolo veut ainsi contraindre les fournisseurs d'énergie à rendre leurs factures intermédiaires les plus proches possible de la consommation réelle des consommateurs. " Des gens me racontent qu'ils ont été attirés par un représentant leur prétendant qu'ils payeraient une facture mensuelle moins élevée s'ils changeaient de fournisseur. Mais ce représentant sous-évaluait sciemment leur consommation. Un an plus tard, ces gens ont reçu la facture finale pouvant aller jusqu'à 1 000 € pour régulariser leur compte final. Il n'en faut pas plus pour basculer dans le surendettement. Ces pratiques doivent cesser ."
Ecolo veut aussi organiser ou tout simplement améliorer l'automaticité de l'octroi de tarifs sociaux dans les fournitures de base. " Sur le terrain, on constate que les gens attendent la dernière minute avant de demander à pouvoir bénéficier d'un tarif social , argumente Sarah Turine. Mais souvent, il est trop tard. Il faut éviter que les gens doivent faire la démarche eux-mêmes ."
Et cela vaut pour les soins de santé. " Les mutuelles , avance Philippe Defeyt, nous disent que de beaucoup de personnes qui ont droit au statut Omnio -lequel octroie des remboursements préférentiels- ne l'ont toujours pas. Cela devrait être automatique. On consacre parfois beaucoup d'argent pour sortir les gens du surendettement, mais on ne fait pas en sorte qu'ils bénéficient de droits leur permettant de ne pas y plonger. C'est aberrant ."
Et les loyers ? Voilà une compétence qui sera presque immanquablement régionalisée. Ecolo estime que la Wallonie et Bruxelles devront prévoir une compensation pour les personnes qui ont droit à un logement social, mais n'y ont pas accès par manque de capacité. " Le taux moyen européen de logements sociaux par rapport au parc immobilier total est de 17,3 % alors qu'il est chez nous que de 7 % , se désole Sara Turine. Or que vous occupez un logement social ou pas, cela peut faire une différence de 200 à 300 € ."
Ecolo estime par ailleurs qu'il faut mieux encadrer l'accès au crédit. Les Verts veulent notamment interdire la publicité pour l'utilisation de carte de crédit permettant l'acquisition de biens de première nécessité. Des propositions de loi en ce sens ont déjà été déposées. Mais cependant aussitôt rejetées
V.R.
Mis en ligne le 21/09/2011
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